Pays Baltes

Estonie, Lettonie et Lituanie

TRANSPORTS FLUVIAUX KOENINSBERG – KOVNO PENDANT LA CAMPAGNE NAPOLEONIENNE DE RUSSIE.

par | 19/12/2003

En juin 1812, le contre-amiral Baste (1) fut chargé par l’Empereur d’organiser à Kœnigsberg (Kaliningrad, aujourd’hui en Russie) et à Labiau (Polessk aujourd’hui). sur le Kurische Haff (la Lagune des Courons), des convois de bâtiments destinés, par la voie fluviale, à apporter à Kovno (Kaunas, aujourd’hui en Lituanie), pour la Grande Armée, des subsistances et des vivres, tels que du biscuit, de l’avoine, des tonneaux de viande salée, des tonneaux de vin et d’eau de vie, des barils d’huile, des médicaments, etc. mais aussi des armes. notamment des fusils, ainsi que divers effets, particulièrement pour l’Artillerie et le Génie.

Par Fernand Beaucour.

En revenant de Kovno les bâtiments servaient à transporter des blessés et des malades de la Grande Armée à l’hôpital de Kaliningrad, par conséquent. Certains de ces convois arrivaient aussi de Kovno avec des prisonniers russes, tels ceux qui furent faits à Riga.

Voici un exemple de cette activité que nous montre une lettre du contre-amiral Baste, datée de Labiau le 7 septembre 1812 et qu’il, adressait à l’Empereur; le même jour, Napoléon livrait à Koutouzov la bataille de la Moskowa (ou de Borodino), près de Moscou. Baste informait l’Empereur qu’il faisait partir, ce jour-là, de Labiau pour Kovno, le 23è convoi constitué de 34 bâtiments chargés de subsistances, d’effets d’habillements et transportant des détachements de différents corps; d’après l’état de chargement joint, celui-ci comportait 1234 tonneaux de biscuit et 550 sacs d’avoine.

Baste indiquait. en même temps, à Napoléon que 34 bâtiments transportant 54 officiers et 1780 sous-officiers et soldats russes prisonniers étaient passés le même jour et avaient fait route aussitôt pour Dantzig par Kœnigsberg, où leur seraient donnés d’autres bâtiments pour traverser le Frische Haff (la Lagune des Frisons).

Six bâtiments chargés de 157 blessés ou malades venant aussi de Kovno étaient également arrivés le 7 septembre 1812 pour se rendre à Kœnigsberg, et. par suite, à l’hôpital.

Un Règlement avait été établi par le contre-amiral Baste à Labiau le 15 août 1812, pour le halage par des hommes et des femmes. des bâtiments de ces convois, de Kœnigsberg à Kovno; il avait été approuvé par le général Loison, Gouverneur général de la Prusse royale, à Kœnigsberg. Ce règlement organisait un itinéraire avec 22 relais de halage; beaucoup existaient déjà, mais pour que ce service fonctionne avec le plus d’exactitude possible pour les besoins de la Grande Armée, un inspecteur sera placé dans chaque relais pour assurer notamment, à chaque passage de convois, la présence du nombre nécessaire de hâleurs (Art 3) Un officier, ou un sous officier conduira chaque convoi (Art 4),. Les inspecteurs de chaque relais seront payés 2/3 de Thaler de Prusse, soit 2 F 46 par jour et les haleurs 1/5 de Thaler, soit 74 centimes, œ qui donnait pour 1 Thaler la valeur de 3 F 70 (Art. 6). Les capitaines des bateaux étaient payés au mois par le gouvernement français (Art. 8). Chaque capitaine devait faire peindre le nom de son bateau à l’arrière de celui-ci (Art. 9). Voici le texte de ce règlement qui était imprimé en français et en allemand et affiché dans chaque station (Art. 1O) (2):

Ces convois militaires, dirigés de Kœnigsberg vers Kovno remontaient le Pregel (Pregola) jusqu’à Tapiau (Gvardeisk); ils remontaient ensuite la Deime (Deima) jusqu’à Labiau. De là, ils continuaient leur route par le Grand Canal de Frédéric (Poliesskii Canal) (3), proche de la côte du Kurische Haff, jusqu’au Nemonie qu’ils empruntaient jusqu’à Petriekken (Fontanka) pour atteindre le Petit Canal, puis la Gilge (Marrosorka) qu’il fallut approfondir pour permettre le passage de ces bateaux pesamment chargés transportant de l’artillerie. et le Niémen à Jagerischken. Ils remontaient alors ce fleuve par Tilsit (Sovietsk). puis Ragnit (Neman) et y poursuivaient leur route jusqu’à Kovno.

On peut imaginer le passage de ces convois sur les voies d’eau qu’ils empruntaient avec l’activité et l’animation qui en résultaient sur le parcours, aux relais, notamment.

L’Amiral Baste, qui avait fait plusieurs tournées et reçu des rapports de ses officiers de marine, avait, dès le 1er août 1812 établi une instruction concernant le navigation d’Elbing jusqu’à Kovno, en français et en allemand aussi, signée également par le général Loison au Palais du Gouvernement à Koeningsberg, pour les transports de la grande Armée par voie d’eau. Le présent Règlement complétait cette instruction..

Une Commission de Navigation, établie à Labiau, ayant comme Président Mr de Castellane, auditeur au Conseil d’Etat veillait sur l’application des instructions (4).

Ainsi, la navigation pouvait se faire, de manière intérieure, de Danzig à Kovno: elle n’avait pu être poursuivie jusqu’à Vilna. Au-delà, on avait recours à une compagnie de transport (5).

En novembre, la glace vint interrompre la navigation dans le Grand Canal de Frédéric; sa consistance empêchait de la casser. Un Ordre du jour relatif aux transports par eau de la Grande Armée décida l’arrêt de la navigation d’Elbing et de Kœnigsberg. Rien ne fut plus chargé jusqu’à nouvel ordre. Tous les bâtiments furent licenciés au 30 novembre 1812; cet Ordre, daté de Labiau le 15 novembre 1812, était signé de l’amiral Baste et approuvé par le général LOISON(6).

Le général LOISON(1771 – 1816) avait été nommé Gouverneur général de la Prusse royale à Kœnigsberg le 8 juillet 1812; il y remplaça le général Hogendorp (1762-1822) qui avait été nommé à Kœnigsberg le 4 juin et qui deviendra, le 8 juillet, Gouverneur de la Lituanie à Vilna, ville qu’il quitta le 10 décembre 1819.

De Moscou, le 6 octobre 1812, Napoléon donna au général LOISON le commandement de la 34e Division d’infanterie qui. de la Poméranie suédoise, s’était rendue à Dantzig, pour rejoindre ensuite Kœnigsberg où il devra l’organiser pour entrer en campagne. Le général LOISON prit le commandement de la 34e Division le 15 octobre, quitta Kœnigsberg le 17 novembre pour n’arriver lui-même à Vilna que le 8 décembre et n’y trouver que des troupes affaiblies pour pouvoir défendre cette ville; c’était la retraite. (F. REBOUL, Campagne de 1813, t. I, Paris, 1910, p. 56 à 60 et notes: p. 70 à 72, 76, 81).

Murat, le 9. à 5 heures du soir, était parti de Vilna inopinément, compromettant l’Armée dont il avait reçu de Napoléon le commandement et qui ne put recevoir, dans cette place, abondamment pourvue en vivres et en effets d’habillement, aucune distribution. Les Russes entrèrent le 10 décembre dans la journée à Vilna où rien ne tenait plus (7).

Fernand BEAUCOUR.
Université de Russie, à Kaliningrad.

Le 26 mars 1997

Règlement

sur le halage de Kœnigsberg à Kowno par la Prégel, la Deime, le grand canal de Frédérick. la Nemonien. le petit canal. la Gilge et le Niémen, sauf l’approbation de S. E. Mr. le Général Comte LOISON, Gouverneur de la Prusse Royale à Koenigsberg.

ART 1
Pour que les convois de subsistances, troupes, effets militaires et d’hôpitaux. malades et prisonniers de guerre, ainsi que les effets de l’Artillerie et du Génie, expédiés de Kœnigsberg par Kowno sur la grande armée. se rendent à cette destination avec toute la célérité que l’importance du service commande, on devra compléter de Koeninsberg à Kowno 22 relais de halage qui fourniront à chaque
convois les haleurs nécessaires. Ces relais seront établis: le 1er à Kœnigsoerg, le 2°.à Fuchshoeltfen, le 3° à Langendorff. le 4°. à Tapiau. le 5°. à Grofs Schmerberg, le 6°. à Labiau.Le 7°. à Juwend. le 8° à Petriken. Ie 9°. à Lapienen. le 10°. à Skoepen le 11°. à Jagerischken. Ie 12°. à Tilsit, le 15°. à Ragnil, le 14°. à Raubzon. Ie 15°. à Trapochnen, le 16°. à Todargen, le 17°. à Kydullen, le 18°. à Gielgudiscken. le 19°. à Bloyachowinski, le 20°. à Kruky. ie 21°. à Wilky el le 22°. à Szapwischken. Presque tous ces relais sont déjà établis depuis près de deux mois mais ils laissent beaucoup à désirer sous tous les rapports. Il est donc urgent de les réorganiser

ART. 9 ème

J’ai prescrit à Koeningsberg il y a plus de deux mois à tous les capitaines ou patrons de faire écrire sur le derrière de leur bâtiment. Cet ordre n’a reçu son exécution qu’en partie, et cela nuit à l’ordre de la comptabilité.
En conséquence j’ordonne de nouveau aux capitaines ou patrons des Bordings et des Reisekahnes ,qui ne s’y sont pas conformés, de le faire le plus tôt possible, attendu que, si lorsqu’on les paiera, les noms de leur bâtiment ne sont pas écrits à la poupe en dehors, il leur sera fait une retenue de 3 Thallers pour les faire peindre de suite: j’espère qu’ils m’éviterons ce désagrément. Les lettres des noms devront avoir quatre pouces de longueur et la largeur proportionnée.

Article 10 ème
Le présent Règlement sera affiché dans chaque station. MMrs. les membres des régences de Koeninsberg et de Gumbinnen. Mr le sous Préfet Turski a Marienpol, ainsi que les officiers et sous-officiers de marine placés sur la ligne sont chargés d’en faire exécuter les dispositions, et de presser aussi l’exécution de l’art. 7°. de l’arrêté du 31 juillet dernier.

Labiau, le 15 août 1812

Le contre-Amiral
Comte Baste.

Vu et approuvé par nous Général de Division, Comte de l’Empire, Gouverneur du Palais Impérial de Saint-Cloud, Gouverneur Général de l a Prusse Royale.
COMTE LOISON.

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