Pays Baltes

Estonie, Lettonie et Lituanie

White Center de Mark Rothko, est devenue l’oeuvre contemporaine la plus chère adjugée aux enchères

par | 17/05/2007

Mark Rothko (Marcus Rothkovitch), né le 25 septembre 1903 à Dvinsk en Russie (depuis Lettonie, Daugavpils). Dvinsk, sa ville natale se trouve sur la Dvina en Lettonie. En hiver, on patine sur la Dvina. Dvinsk s’appelle maintenant Daugavpils. La majorité des 5 millions de juifs que comptait la Russie était confinée dans la région.

Une toile de Mark Rothko, «White Center (Yellow, Pink and Lavender on Rose)», est devenue mardi soir, à 72,8 millions de dollars (53 millions d’euros), l’oeuvre contemporaine la plus chère adjugée aux enchères, au terme d’une soirée chez Sotheby’s à New York marquée par une pluie de records.

Estimée à plus de 40 millions de dollars, cette oeuvre de 1950 faisait partie de la collection du banquier et philanthrope new-yorkais David Rockefeller depuis 1960, et n’avait jusqu’ici jamais été présentée aux enchères. Son acheteur a souhaité garder l’anonymat.

Rothko avait déjà fin 2005 établi un record pour une vente aux enchères d’art d’après-guerre, avec son «Hommage à Matisse», cédé 22,4 millions de dollars. Mais moins de deux ans plus tard, les prix du marché sont déjà bien au-delà.

« Mark Rothko, 1903-1970, un Humaniste Abstrait »

Un géant de la peinture, une oeuvre pour l’essentiel abstraite qui questionne la solitude de l’homme et la beauté possible du monde, sa violence mais aussi son ordre caché.

Mark Rothko (Marcus Rothkovitch), né le 25 septembre 1903 à Dvinsk en Russie (depuis Lettonie, Daugavpils) et mort, suicidé, à New York le 25 fevrier 1970) a donné à l’abstraction « la puissance d’émotion de la musique et de la poésie ». Il a réintroduit dans la peinture une fonction abandonnée depuis le XVIeme siècle en Europe et qui paraissait réservée à jamais aux œuvres figuratives : être des icônes, des images non seulement décoratives mais également les supports d’un dialogue nécessaire avec le néant. Comme ce peintre, Turner, que Mark Rothko admirait et dont quelqu’un avait dit qu’il peignait : « le Rien, mais très ressemblant « .

BIOGRAPHIE:

– 1903 Le 25 septembre, naissance de Marcus Rothkowitz à Dvinsk (Russie)

Cité d’une relative importance, Dvinsk comptait cent mille habitants environ, pour la moitié juifs, regroupés dans un quartier réservé, exerçant les activités commerciales. On y trouvait une gare de triage animée, une forteresse militaire avec une garnison de 25 mille soldats. Un développement industriel florissant attirait une nombreuse population de travailleurs.

– 1910 Son père émigre aux Etats-Unis et s’établit à Portland, Oregon.
– 1911 Les deux frères de l’artiste rejiognent leur père à Portland.
– 1912 -1913 Emigre en Amérique avec sa mère et sa soeur, et rejiont son père et ses frères à Portland.
– 1914 Mort de son père.
– 1921 -1923 Fréquente l’Université de Yale, New Haven
– 1924 En janvier et février, suit des cours d’anatomie avec George Bridgman à l’Art Students League.
– 1925 En octobre et décembre, apprentissage avec Max Weber à l’Art Students League. Peint sur toile et sur papier dans un style expressionniste marqué par Weber. Nombreuses esquisses préparatoires.
– 1926 Reprend ses études avec Max Weber.
– 1929 Il enseigne le dessin à des enfants (Center Academy of the Brooklyn Jewish Center). Il reste en poste jusqu’en 1952.
– 1932 Mariage avec Edith Sachar
– 1934 Membre fondateur de l’Artists Union de New York
– 1935 Fondation du groupe d’artistes indépendant « The Ten »
– 1938 Prend la citoyenneté américaine.
– 1940 Abrège son nom en Mark Rothko
– 1945 Mariage avec Mell Beistle; 2 enfants, Kate (née en 1950), Christopher (né en 1963)
– 1950 Voyage de cinq mois en Europe (France, Italie, Angleterre)
– 1951 Début de son activité d’enseignant au Brooklyn College
– 1954 Début de sa collaboration avec la galerie de Sidney Janis
– 1956 Premiers achats du collectionneur Duncan Phillips
– 1958 Commande pour le restaurant  » Four Seasons  » dans le Seagram Building
– 1959 Voyage en Europe; remise de la commande pour le  » Four Seasons  »
– 1960 Salle Rothko permanente dans la Phillips Collection, Washington
– 1961-1962 Commande de panneaux muraux pour l’université de Harvard
– 1963 Contrat avec la Marlborough Gallery, Londres
– 1964 Dominique de Menil passe commande de la chapelle Rothko à Houston
– 1968 Rothko tombe gravement malade
– 1969 Création de la Fondation Mark Rothko; don de neuf Seagram Murals à la Tate Gallery; divorce avec Mell
– 1970 Suicide de Rothko le 25 février. Ouverture des Rothko Rooms à la Tate Gallery
– 1971 Achèvement de la Rothko Chapel à Houston


« Le silence est si juste. » / Mark Rothko

Le hasard existe-t-il ? Ou bien une logique inéluctable devait-elle conduire Mark Rothko à se donner la mort ?

De nationalité américaine, il meurt en 1970 à New York à l’âge de 66 ans. Sa mort n’est pas naturelle, il s’est ouvert les veines au petit matin dans son atelier, laissant derrière lui une oeuvre considérable. Cet artiste est loin d’être un inconnu, il n’est pas un peintre maudit. Il se trouvait alors au faîte de la gloire.

Mark Rothko, né à Dvinsk en Russie en 1903, d’origine juive, a connu l’émigration vers les Etats-Unis à l’âge de 10 ans. Ayant choisi de devenir peintre, il a d’abord réalisé des tableaux figuratifs, de type expressionniste, où perce le drame de l’homme contemporain dans la Ville anonyme. Puis, son geste se libère avec des compositions surréalisantes qui explorent les figures mythiques et biomorphiques. Enfin, à partir de 1949, et jusqu’à sa mort, il abandonne toute figure et tout sujet pour l’ inlassable travail des murs de lumière, qui culmine dans les sombres chants de la Chapelle de Houston.

Par son suicide, Rothko épouse une grande figure du tragique, celle du sacrifice. Sa place est dédoublée, puisque sur lui il porte la lame . Sa souffrance est une cruauté. Sa compassion s’égare en violence meurtrière. Celle-ci ne va pas jusqu’à détruire ses toiles, juste soi-même, Mark Rothko, né Marcus Rothkowitz à Dvinsk, en Russie, soixante-six ans et cinq mois auparavant.

Il ne l’a pas prémédité, son suicide, la nuit l’a englouti dans un flot de sang. Epargnée son oeuvre le fut, mais pas lui, qui pourtant était aussi une oeuvre. Une sorte de héros prométhéen qui s’était donné une tâche, et qui s’était fait autant qu’il avait créé de la peinture.

Il faut croire que son image lui faisait horreur, que la magnificence de ses compositions de couleurs avait une puissance infernale. Le salut n’est pas venu, pas plus qu’il n’est venu pour Vincent Van Gogh ou Nicolas de Staël ou Arshile Gorky.

On se tue lorsque le désespoir est trop grand, lorsque la folie frappe trop fort. Vengeance, punition ont aussi leur part. Peut-être veut-on montrer au monde que l’on souffre sans rémission. Peut-être veut-on dire à Dieu qu’il nous a abandonnés. Et l’on clame aussi que la vie c’est autre chose que ce malheur, on proteste contre Auchwitz et Hiroshima.

On a beaucoup de raisons d’arrêter de vivre. Le courage ne manque pas pourtant.

Deux ans auparavant, un aneuvrisme de l’aorte l’a conduit près de la mort ; il a séjourné trois semaines à l’hôpital. Dans l’incapacité de travailler pendant quelques temps, Rothko se croit fini. Il demeure obsédé par la maladie, s’imagine même avoir un cancer, supposition démentie par les examens médicaux.

Sa dépression s’est accentuée et chronicisée. Il consomme de dangereux tranquillisants, se livre depuis longtemps à une destruction lente du corps et de l’esprit en abusant de tabac et d’alcool. […]

Le lendemain matin, à neuf heures, Oliver Steindecker, assistant et homme de confiance de Mark, découvre l’irrémédiable. Le peintre gît par terre, dans la petite pièce attenante à son atelier, qui lui sert de cuisine et de salle de bain. Une mare de sang déjà figé recouvre le sol. Aucun mot n’ explique la décision.

Vraisemblablement, Mark a absorbé les neuroleptiques prescrits par son psychiâtre, puis s’est ouvert les veines au dessus de l’articulation des coudes, procédé moins courant, mais plus radical, que celui qui consiste à se taillader les poignets. […]

Culpabilité, sacrifice rituel, dramatisation dominent dans ce geste final.

Mark assume mal son succès. Peut-être ne supporte-t-il pas de dépasser son père. Etre un grand peintre américain, c’est tuer symboliquement, un peu plus, Jacob Rothkowitz, obscur pharmacien de Dvinsk. […]

Par Vidal Genevieve

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