Permettez-moi aussi de saluer la présence simultanée, ce qui constitue une indéniable prouesse quand on connaît l’emploi du temps d’un ministre, des ministres estonien, letton et lituanien des affaires étrangères, Madame KALNIETE, que j’ai plaisir à retrouver à Paris, Madame OJULAND et Monsieur VALIONIS. Leur contribution est évidemment très attendue.
Mesdames et Monsieur les Ministres,
Madame et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Avant tout, permettez-moi de me réjouir de vous voir si nombreux et de féliciter les initiateurs et organisateurs de cette manifestation qui contribue, avec d’autres, à mieux faire connaître ces nouveaux Etats membres de l’Union européenne que vous êtes, depuis le sommet de Copenhague de décembre dernier.
Permettez-moi aussi de saluer la présence simultanée, ce qui constitue une indéniable prouesse quand on connaît l’emploi du temps d’un ministre, des ministres estonien, letton et lituanien des affaires étrangères, Madame KALNIETE, que j’ai plaisir à retrouver à Paris, Madame OJULAND et Monsieur VALIONIS. Leur contribution est évidemment très attendue.
Sachant la part personnelle prise par les Ambassadeurs d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie dans l’organisation de ce colloque, je ne peux douter du succès de vos travaux.
Sa tenue à l’Institut français des relations internationales, est un gage supplémentaire de réussite, tout comme, bien sûr, les interventions à venir de mes collègues et amis Hubert HAENEL et Denis BADRE, tous deux parfaits connaisseurs de ces questions. Je ne doute pas non plus que la participation de Pierre LEQUILLER et d’Edouard BALLADUR, qui conclura vos travaux, contribuera à éclairer et à enrichir vos débats.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, et de centrer mon propos sur le présent et surtout l’avenir, je voudrais revenir rapidement au passé.
Passé brillant, en vérité, où le génie balte a permis à de petites nations de survivre tant au XIXème siècle qu’au XXème siècle, dans un environnement pourtant difficile, pour ne pas dire, parfois, hostile.
Ce qui est admirable, et qu’il me plaît ici de souligner, c’est que cette force de l’identité balte n’a cependant jamais empêché votre ouverture sur l’extérieur. Il y a là une évidente garantie de réussite de votre entrée dans la famille élargie de l’Union européenne.
Plus concrètement, et parce que le temps m’est compté, je souhaiterais maintenant aborder le présent, en insistant sur trois points qui m’apparaissent déterminants : la coopération régionale, la recherche de l’unité dans la diversité et la nécessaire conciliation des communautés économique et de sécurité.
Sur la coopération régionale, il est essentiel que vos pays continuent dans la voie de la coopération nordico-balte, la coopération régionale n’étant pas contradictoire avec la coopération européenne, bien au contraire. Une bonne partie de l’histoire de la construction européenne nous le prouve assez.
Je me félicite donc de la présence d’éminents représentants d’Allemagne, du Danemark, de Finlande et de Suède. Leurs points de vue nous seront assurément précieux.
S’agissant de l’unité européenne, qui doit se faire dans le respect de sa diversité, on ne dira jamais assez que l’Europe que nous souhaitons est aussi celle des talents. Et là comme ailleurs, l’union fait la force.
Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Mais pas de contresens : l’Europe n’est pas le COMECON. Chacun doit apporter sa spécialité et sa spécificité pour autant que cela profite à tous.
Autrement dit : non seulement chacun doit trouver son intérêt, mais l’Europe en tant que telle aussi.
Tout comme la France « offre » à ses partenaires un projet d’Europe politique, un modèle socio-économique, l’affirmation d’une diversité culturelle, les pays baltes doivent apporter leurs pierres à l’édifice, et j’insiste sur le pluriel. Nous comptons sur vous comme vous pouvez compter sur nous.
En ce qui concerne la communauté de sécurité, on dit trop que l’Europe doit être « aussi » une communauté de sécurité alors qu’elle doit d’abord en être une. Là aussi, à nous, ensemble, d’enrichir l’édifice en cours de construction. Beaucoup reste à faire mais l’on peut partir de l’acquis. Rappelons-nous simplement que l’Union européenne n’est pas l’OTAN.
Parlons de l’avenir maintenant.
Il nous faut à la fois être ambitieux et pragmatiques. Revenons à l’esprit pionnier des « pères fondateurs ». Faisons de sujets autrefois conflictuels (le charbon et l’acier hier, l’agriculture et la défense aujourd’hui) des dynamiques porteuses.
Tant de chantiers s’offrent à nous : du développement rural à la recherche, en passant par la sécurité, la diplomatie ou la justice, pour n’en citer que quelques uns…
Sur tous ces points, soyons pratiques et n’hésitons pas à commencer par en bas, modestement, sans attendre d’être tous d’accord sur tout avant. Souvenons nous qu’il n’est point nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer mais qu’il n’est pas interdit de concilier les deux.
Pour construire une Europe bénéfique pour tous, il faut combattre les vieux réflexes centralisateurs, à l’oeuvre aussi bien dans les sphères politique qu’économique.
Là encore, nous disposons de moyens pratiques : les programmes européens d’infrastructures et le rôle déterminant de la Commission en tant que garante de l’intérêt général européen et animatrice des politiques communes en sont des exemples probants.
De même que Rome ne s’est pas faite en un jour, il serait illusoire, et même dangereux, de croire que l’Europe pourra se faire du jour au lendemain, les traités d’adhésion une fois ratifiés. C’est à cette aune qu’il faut considérer les progrès parfois lents accomplis en matière institutionnelle (la Convention peine, c’est vrai, mais c’est inévitable vu l’ampleur de la tâche) ou sectorielle (la réforme des politiques communes exige patience et ténacité mais les enjeux le justifient).
En conclusion, je voudrais simplement vous dire que l’adhésion à l’Union européenne est une politique responsable, porteuse de bienfaits politiques, économiques et sociaux potentiellement considérables, pour ceux qui entrent comme pour ceux qui accueillent.
Mais cette chance historique implique une solidarité sans faille, indispensable pour établir la confiance entre Etats membres et finalement pour assurer un progrès mutuel.
Ce message, auquel je crois passionnément, je le répéterai lorsque je me rendrai en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, au début du mois de septembre prochain.
En attendant, le moment est venu de vous souhaiter des échanges aussi libres que fructueux, aussi francs que constructifs. Je compte sur vous pour faire avancer la réflexion, avec audace, ouverture d’esprit et sens des responsabilités. Beaucoup reste à faire mais l’enjeu est à la mesure de notre commune détermination. A vous de jouer.
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