Le 8 juillet prochain, nous commémorons le 100e anniversaire de la naissance de Boris Vildé, ethnologue russe au Musée de l’Homme et résistant de la première heure. En 1937-39 il a effectué 2 missions en Estonie pour le compte du Musée de l’Homme.
Le 8 juillet prochain, nous commémorons le 100e anniversaire de la naissance de Boris Vildé, ethnologue au Musée de l’Homme et résistant de la première heure. Un hommage lui sera rendu lors de l’exposition consacrée à Germaine Tillion. Grâce à Boris Vildé et à son engagement dans la Résistance, le Musée de l’Homme signe l’une des pages les plus glorieuses de son histoire.
Ardent défenseur des valeurs humanistes, Boris Vildé, comme Germaine Tillion, est parmi les premiers Français à s’opposer au fascisme et à vouloir résister. Après avoir été mobilisé en 1939 dans l’armée française, il est fait prisonnier par les Allemands et interné dans le Jura. Il s’en évade en juin 1940. Blessé à la jambe, sans papiers ni argent, il veut malgré tout rejoindre Paris. Son retour dans la capitale occupée, tantôt dans les trains de marchandises, le plus souvent à pied, lui demande trois semaines. Il démontre déjà la force de son caractère et sa détermination à lutter. Il se dirige tout naturellement vers le Musée de l’Homme où il retrouve ses collègues. Nombreux brûlent comme lui de « faire quelque chose ». L’amour pour la France et pour la liberté est leur principale motivation. Plus tard, Boris Vildé écrira dans son journal de prison : « Quand j’ai vu les soldats allemands à Paris la première fois après mon retour, c’est une douleur physique aiguë au coeur qui m’a appris combien j’aimais Paris et la France ». Au mois d’août 1940, son collègue ethnologue Anatole Lewitsky est démobilisé. Il rejoint Boris Vildé et Yvonne Oddon, la Bibliothécaire du musée. Le noyau dur du groupe « Musée de l’Homme » est alors formé.
D’un accord tacite, Boris Vildé devient la tête pensante du groupe et sa cheville ouvrière. Après la guerre, ses collègues du Musée de l’Homme diront de Boris Vildé qu’il y avait en lui « une espèce de feu » et qu’il était un chef né. Afin de ne pas l’exposer au danger, Boris Vildé coupe provisoirement les contacts avec sa famille. Il quitte sa maison de Fontenay-aux-Roses et s’installe à demeure dans son bureau du département Europe, au sous-sol du musée, avec seulement une banquette et un petit réchaud en guise de commodités.
Grâce à de multiples contacts et actions menés par Boris Vildé, le petit groupe se transforme dès le mois de septembre 1940 en une véritable toile d’araignée couvrant toute la France. Boris Vildé fédère autour de lui d’autres groupes de résistants, issus de tous les milieux… Selon les historiens, le « secteur » de Boris Vildé englobe au moins huit groupes d’une centaine de personnes parmi lesquelles sont Agnès Humbert, Jean Cassou, Claude Aveline, Albert Jubineau, Pierre Walter et tant d’autres. Le Musée de l’Homme reste le centre névralgique de cette nébuleuse.
Mais Boris Vildé et Germaine Tillion souhaitent voir s’unir toute la Résistance de la zone nord et pour finir de la France toute entière. Dès la fin de l’automne 1940, ils oeuvrent ensemble au rapprochement entre les différents secteurs. C’est ce que Germaine Tillion qualifiera après La Libération de Réseau Musée de l’Homme Hauet-Vildé. Il s’agit en réalité d’un réseau formé de trois secteurs distincts, celui de Boris Vildé, celui de Charles de La Rochère et celui de Paul Hauet – Germaine Tillion. Pour des raisons de sécurité, seuls les protagonistes de ces trois secteurs se connaissent. Ils n’entrent en contact que pour des tâches bien précises, notamment dans le domaine du renseignement. Le cloisonnement et l’indépendance restent la règle.
MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
MUSÉE DE L’HOMME
Boris Vildé et les membres du réseau mènent des activités multiples. Ils aident les prisonniers de guerre et organisent les filières d’évasion. Ils produisent et impriment des tracts anti-nazis sur la vieille ronéo dans les sous-sols du Musée de l’Homme, puis ils les diffusent secrètement. Ils collectent et acheminent les informations militaires destinées aux Anglais. Le 15 décembre 1940, le journal Résistance parat pour la première fois. Boris Vildé en rédige l’éditorial : « Résister ! C’est le cri qui sort de votre coeur… ». Résistance est parmi les premières publications anti-nazies. Elle aura une portée considérable pour tous les Français qui refusent de se soumettre ; cinq numéros paratront entre décembre 1940 et mars 1941.
Le 26 mars 1941, Boris Vildé est arrêté par la Gestapo. Après un an de prison et un long procès, le verdict est rendu le 17 février 1942. Accusé « d’intelligence avec l’ennemi au sein du complot gaulliste », il est condamné à mort avec neuf autres membres de son réseau : Yvonne Oddon, Sylvette Leleu, Alice Simmonet, Anatole Lewitsky, Pierre Walter, Jules Andrieu, Léon Maurice Nordmann, Georges Ithier et René Sénéchal. Pour les trois femmes, la peine capitale est commuée en travaux forcés à perpétuité. Durant une semaine, des personnalités comme François Mauriac, Paul Valéry, Germaine Tillion et Georges Duhamel interviennent pour tenter d’obtenir leur grâce, en vain. Le 23 février, vers 17 heures, ils sont fusillés au Mont Valérien. Ils tomberont en chantant la Marseillaise.
Le 3 novembre 1943, par décision du Général de Gaulle, ils sont décorés à titre posthume de la Médaille de la Résistance Française. Concernant Boris Vildé, il est mentionné qu’il « s’est consacré entièrement à la résistance clandestine dès 1940 » et qu’il « a donné, au cours du procès et devant le peloton d’exécution un magnifique exemple de sang-froid et d’abnégation ».
L’exposition se décline en 5 thèmes :
– 1. Chronologie de Boris Vildé
– 2. Boris Vildé ethnographe et chercheur au Musée de l’Homme (1933-1940)
– 3. Boris Vildé résistant et chef du réseau « Musée de l’Homme (1940-1941)
– 4. Prison et exécution (1941-1942)
– 5. Commémorations et hommages.
En complément des textes présentant ces thèmes, des documents exceptionnels seront également présentés, pour la plupart inédits. Les notes de terrain, les dessins et les photos se rapportant à ses activités scientifiques situent Boris Vildé ethnologue au sein de l’équipe du Musée de l’Homme dirigé alors par Paul Rivet. Plusieurs extraits de lettres et autres écrits de ses compagnons d’armes, Agnès Humbert, Yvonne Oddon, Germaine Tillion…, livreront des témoignages saisissants sur la personnalité de Boris Vildé et sur son activité de chef du réseau de Résistance. Des extraits de ses propres écrits, dont son journal et ses lettres de prison, nous dévoileront les pensées les plus intimes de cet homme d’exception. Parmi les documents exposés figure la décision du Général de Gaulle, signée le 3 novembre 1943 à Alger.
Tatiana Fougal, Chercheur au Muséum National d’Histoire Naturelle,
Commissaire scientifique de l’exposition
Hommage du 30 mai au 8 septembre 2008
Hall du Musée de l’Homme
17 place du Trocadéro, 75016 Paris
Accès libre
Renseignements : 01 44 05 72 72
Réservations groupes : 01 40 79 36 00
www.mnhn.fr
Lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 10 h à 17 h.
Samedi et dimanche de 10 h à 18 h. Fermé le mardi
liongau@mnhn.fr
www.mnhn.fr
Chef du réseau de Résistance du Musée de l’Homme / Chronologie de Boris Vildé :
– 25 juin 1908 Naissance à Saint-Pétersbourg de parents Russes.
1913 – 1919
– Enfance au village Yastrebino, à 120 km de Saint-Pétersbourg.
– 1919 La famille se réfugie à Tartu, en Estonie.
1920-1926 Scolarité au lycée russe de Tartu.
– 1926 -1928 Études à l’Université de Tartu, faculté des sciences naturelles, section chimie.
– 1930 – 1933 Séjour en Allemagne. Publie des poésies, des essais littéraires et des articles politiques. Participe à la lutte contre la montée du fascisme. Est arrêté et emprisonné pendant une courte période. A Berlin, fait connaissance d’André Gide venu donner une conférence.
– Mars 1933 Arrive à Paris.
– 1934 Par l’intermédiaire d’André Gide, rencontre Paul Rivet, Directeur du Musée de l’Homme. S’inscrit à la Sorbonne et à l’Ecole Nationale
des Langues Orientales Vivantes (INALCO).
– Juillet 1934 Se marie avec Irène Lot, fille de l’historien Ferdinand Lot.
– 5 septembre 1936 Parution au Journal officiel du décret de naturalisation de Boris Vildé.
– Octobre 1936 – juin 1937 Service militaire dans un régiment d’artillerie
à Châlons-sur-Marne.
– 1937 Obtient le diplôme de licence de lettres (langue allemande) à la Sorbonne. S’inscrit à l’École des Hautes Études pour préparer sa thèse de doctorat en ethnologie.
– 5 juillet – 5 octobre 1937 Mission en Estonie pour le compte du Musée de l’Homme.
– Août 1938 – janvier 1939 Mission en Finlande et en Estonie pour le compte du Musée de l’Homme.
– Juillet 1939 Obtient le diplôme de langue japonaise à l’École Nationale des Langues Orientales Vivantes.
– Septembre 1939 Mobilisé dans l’armée française. Après la défaite, est fait prisonnier en Juin 1940. S’évade et regagne Paris.
– Juillet 1940 Commence ses activités anti-nazi et participe à la création du réseau autour du groupe du Musée de l’Homme.
– 15 décembre 1940 Édition du premier numéro du journal Résistance.
– 26 mars 1941 à 15 heures Boris Vildé est arrêté par la Gestapo place Pigalle.
– 26 mars 1941 – 23 février 1942 Emprisonné d’abord à la Santé puis à Fresnes, il écrit son « Journal » et ses « Lettres de prison ».
– Janvier 1942 Début du procès du « Réseau du Musée de l’Homme » devant un Tribunal allemand.
– 23 février 1942 Boris Vildé et six autres membres du réseau sont fusillés au Mont Valérien. Ils reposent au cimetière d’Ivry.
BORIS VILDÉ, CHEF DU RÉSEAU DE RÉSISTANCE DU MUSÉE DE L’HOMME
Je découvre seulement aujourd’hui votre page sur Boris Vildé.
Deux sites internet existent, l’un hébergé en France l’autre en Russie et géré par des personnes du village où il est né à Yastrebino.
http://museeborisvilde.com
http://museeborisvilde.ru
Cordialement