Lorsqu’en 1933 Roman Vishniac sent le danger qui menace les Juifs d’Europe, il se donne pour mission de photographier les communautés d’Europe centrale et orientale, parcourant l’Ukraine, la Biélorussie, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie.
Salles d’expositions temporaires, rez-de-chaussée et mezzanine
“Je n’ai pas pu sauver mon peuple, j’ai seulement sauvé son souvenir. Pourquoi ai-je fait cela ? Un appareil photo caché pour rappeler comment vivait un peuple qui ne souhaitait pas être fixé sur la pellicule peut vous paraître étrange. Était-ce de la folie que de franchir sans cesse des frontières en risquant chaque jour ma vie ? Quelle que soit la question, ma réponse reste la même : il fallait le faire. Je sentais que le monde allait être happé par l’ombre démente du nazisme et qu’il en résulterait l’anéantissement d’un peuple dont aucun porte-parole ne rappellerait le tourment. […] Je savais qu’il était de mon devoir de faire en sorte que ce monde disparu ne s’efface pas complètement…” / Roman Vishniac
“Témoin avant tous, Roman Vishniac s’exprime avec douleur et amour évoquant ce monde juif pittoresque et fascinant qu’il a vu s’engloutir dans les flammes et la nuit. C’est son amour pour les morts qui nous touche si profondément. Il les aime tous : les rabbins et leurs disciples, les marchands et leurs clients, les vagabonds et les chantres, les vieillards mélancoliques et les adolescents souriants. […] Poète de la mémoire, chantre de l’espoir bafoué, Roman Vishniac se place surtout sous le signe de la fidélité.” / Elie Wiesel Avant-propos à l’ouvrage Un monde disparu, Paris, Le Seuil, 1984
Roman Vishniac est né en 1897 à Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg. Fuyant les persécutions dont est victime la population juive, il s’installe à Berlin en 1920. Lorsqu’en 1933 il sent le danger qui menace les Juifs d’Europe, il se donne pour mission de photographier les communautés d’Europe centrale et orientale, parcourant l’Ukraine, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie.
Il en rapporte 16 000 clichés. Réfugié en 1940 aux États-Unis, il essaie sans succès d’attirer l’attention sur le sort des Juifs européens. Ce n’est qu’en 1947 qu’il peut publier ses photographies, dans un ouvrage qui ne peut plus s’appeler désormais qu’Un monde disparu (The Vanished World : Jewish Cities, Jewish People).
Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme présente une sélection d’environ 70 photographies.
Cette exposition organisée dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, novembre 2006, est réalisée en collaboration avec l’International Center of Photography à New York, détenteur du fonds Vishniac.
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